Contexte : La dénutrition est associée à des issues cliniques et économiques défavorables. Nous avons récemment rapporté que le taux de mortalité hospitalière chez les patients hospitalisés infectés par le SARS-CoV-2 était plus élevé chez les patients dénutris que chez ceux sans dénutrition. La présente étude visait à déterminer si les patients hospitalisés atteints de SARS-CoV-2 ayant reçu une supplémentation nutritionnelle orale (CNO) présentaient une meilleure survie. Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective incluant 37 215 adultes (≥ 18 ans) hospitalisés pour COVID-19 dans cinq hôpitaux affiliés à Johns Hopkins entre le 1er mars 2020 et le 31 mars 2023. Le risque de dénutrition a été dépisté à l’aide de l’outil MUST (Malnutrition Universal Screening Tool), puis confirmé par des diététiciens via un protocole standardisé et validé. Une analyse de régression logistique prédictive de la mortalité hospitalière a examiné l’association entre la CNO et la survie, en tenant compte des covariables et des pondérations liées à la CNO.
Résultats : La dénutrition est apparue comme un facteur indépendant de mortalité hospitalière accrue liée au COVID-19. La prévalence de la dénutrition dans cette cohorte était de 15,22 %. Chez les adultes hospitalisés avec une dénutrition modérée ou sévère dans le contexte d’une maladie aiguë ou d’un traumatisme, la CNO était associée à une diminution significative de la mortalité hospitalière (modérée : OR = 0,72 ; IC 95 % 0,62-0,85 ; sévère : OR = 0,76 ; IC 95 % 0,67-0,87 ; p < 0,001 pour les deux). En revanche, les patients en surpoids ou obèses ayant reçu une CNO présentaient un risque accru de mortalité hospitalière (surpoids : OR = 1,15 ; IC 95 % 1,08-1,22 ; p < 0,0001 ; obésité : OR = 1,08 ; IC 95 % 1,01-1,14 ; p = 0,02). Pour les patients hospitalisés en insuffisance pondérale, la CNO était protectrice (OR = 0,78 ; IC 95 % 0,68-0,88 ; p = 0,0001). Le délai d’administration influençait également les résultats : une CNO plus précoce était associée à une baisse de 13 % du risque de mortalité hospitalière (OR = 0,87 ; IC 95 % 0,79-0,97 ; p = 0,0105).
Conclusions : Dans cette cohorte d’adultes hospitalisés pour SARS-CoV-2, les patients dénutris ayant reçu une supplémentation nutritionnelle orale présentaient une probabilité plus élevée de survie hospitalière. Il s’agit de la première étude démontrant une association entre une intervention nutritionnelle orale et une réduction de la mortalité hospitalière chez les adultes infectés par le SARS-CoV-2 et dénutris.
Vong T, Yanek LR, Matarese LE et al. Improved Survival in Malnourished COVID-19 In patients with Oral Nutrition Supplementation. Nutrients 2025 ; 17 : 2401.