Covid-19 et dénutrition : résultats prospectifs de l’étude NutriEcoMuscle

Contexte : La prévalence de la dénutrition est élevée chez les patients atteints de la Covid-19 ayant séjourné en unité de soins intensifs (USI), à la fois pendant l’hospitalisation et après la sortie de l’hôpital. Cet article présente les résultats prospectifs de l’étude NutriEcoMuscle, une étude observationnelle multicentrique. L’objectif principal était d’évaluer les évolutions de l’état nutritionnel et fonctionnel chez les patients post-USI Covid-19 après des interventions nutritionnelles et de réhabilitation physique. Les objectifs secondaires incluaient l’évaluation de l’adhérence et de la tolérance à un complément nutritionnel oral (CNO) utilisé dans l’intervention nutritionnelle.

Méthodes : L’étude a inclus des adultes hospitalisés en USI en raison d’une forme sévère de Covid-19. À la sortie de l’hôpital, les patients ont bénéficié d’une intervention nutritionnelle reposant sur des CNO composés à 100 % de lactoprotéines sériques enrichies en leucine et en vitamine D, ainsi que d’un programme de réhabilitation physique. Ils ont été suivis pendant 3 mois. Les évaluations comprenaient le Subjective Global Assessment (SGA), les critères du Global Leadership Initiative on Malnutrition (GLIM), l’indice de Barthel (BI), la force de préhension, le test « Timed Up and Go » (TUG), l’analyse par impédancemétrie bioélectrique (BIA), l’échographie nutritionnelle, ainsi que la tolérance et l’adhésion au CNO. La taille de l’échantillon a été calculée sur la base de la force de préhension, et des tests paramétriques et non paramétriques ont été utilisés pour évaluer les différences entre les résultats à l’inclusion et à 3 mois.

Résultats : L’étude a inclus 96 patients (71,9 % d’hommes, âge moyen de 58,8 ans, indice de masse corporelle (IMC) moyen de 28,8 kg/m², dont 36,5 % étaient obèses). Au total, 85 patients (62 hommes et 23 femmes) ont complété le suivi de 90 jours. Le gain de poids moyen après l’intervention était de 6,8 kg (écart type 5,2), sans différence significative entre les sexes (p = 0,263). La proportion de patients dénutris selon les critères SGA ou GLIM a chuté de 100 % à respectivement 11,8 et 36,4 % (p < 0,00001 dans les deux cas). La proportion de patients présentant des limitations fonctionnelles selon le BI est passée de 66,7 à 27,0 % (p < 0,0001). La force de préhension a augmenté de plus de 40 % chez les hommes comme chez les femmes (p < 0,00001). Le temps nécessaire pour réaliser le test TUG a diminué de plus de 40 % dans les deux sexes (p < 0,00001). Selon la BIA, la masse grasse moyenne n’a pas significativement augmenté. En revanche, l’indice de masse maigre (FFMI) a significativement augmenté chez les hommes et les femmes, tout comme la masse cellulaire corporelle, l’indice de masse musculaire squelettique et l’indice de masse musculaire appendiculaire. L’angle de phase (PhA) a également significativement augmenté : +26,5 % chez les hommes et +17,4 % chez les femmes. Dans une analyse multivariée, l’âge et le PhA initial étaient associés à l’augmentation du PhA (R² ajusté = 0,5573). L’étude échographique a montré une augmentation significative des dimensions moyennes de la surface musculaire, de la circonférence musculaire et des axes X et Y du muscle droit fémoral. Concernant la graisse abdominale, il n’y a pas eu d’augmentation significative de la graisse totale, superficielle ou prépéritonéale. Les participants ont réalisé en médiane (intervalle interquartile) 70 (0–120) minutes/semaine d’exercices de renforcement musculaire et 60 (0–120) minutes/semaine d’exercice physique modéré. Le complément nutritionnel a été bien toléré, et le taux de mauvaise adhérence (moins de 50 %) était faible (4 % des participants).

Conclusions : Une intervention de 3 mois, combinant un complément nutritionnel oral et une réhabilitation physique, est associée à une amélioration significative de l’état nutritionnel et fonctionnel. Le gain de poids observé est principalement dû à une augmentation de la masse musculaire, sans prise significative de masse grasse (selon la BIA et l’échographie). L’intervention a été bien tolérée et bien suivie par les patients.

Joaquín C, Bretón I, Ocón-Bretón MJ et al. Nutritional and Physical Rehabilitation in Post-Critical Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Ambulatory Patients: The NutriEcoMuscle Study. Nutrients 2025 ; 17 : 1722.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/40431462/