Contexte et objectifs :
La dénutrition est fréquente dans le cancer de l’œsophage. Les preuves de l’utilisation du soutien nutritionnel et de la préadaptation dans cette cohorte sont variables. Le but de cette étude était d’examiner l’effet du soutien nutritionnel précoce et des mesures fonctionnelles de l’état nutritionnel sur les résultats postopératoires chez les patients adultes atteints d’un cancer de l’œsophage.
Méthodes :
Revue rétrospective d’adultes atteints d’un cancer de l’œsophage subissant une œsophagectomie (n = 151). Le soutien nutritionnel précoce a été défini comme : une supplémentation nutritionnelle orale ou entérale pendant le traitement néoadjuvant. Accompagnement nutritionnel tardif défini comme : une supplémentation nutritionnelle orale ou entérale prescrite en post-opératoire. Les mesures des résultats nutritionnels étaient ; pourcentage de perte de poids de 3 à 6 mois avant le diagnostic, péri- et post-opératoire, et évaluation pré-opératoire de la force de préhension (HGS).
Résultats :
Une perte de poids préopératoire ≥ 10 % était un prédicteur significatif de mortalité à 1 an (OR 2,84, IC à 95 % 1,03–7,83, p = 0,04) indépendamment du stade de la tumeur, du traitement adjuvant, de l’âge et du sexe. Les adultes ayant reçu un soutien nutritionnel précoce pendant le traitement néoadjuvant ont subi une perte de poids inférieure à 12 mois après l’œsophagectomie par rapport aux adultes ayant reçu un soutien nutritionnel oral tardif (p=<0,05). Les mesures préopératoires du HGS n’étaient pas un prédicteur utile des complications postopératoires (p = 0,2), de la durée de séjour (p = 0,9) ou de la mortalité à 90 jours (p = 0,6).
Conclusion :
Une perte de poids préopératoire ≥ 10 % était associée à la mortalité. Un soutien nutritionnel précoce a été associé à une perte de poids moindre à 12 mois après l’opération. Les mesures HGS préopératoires n’avaient pas de valeur pronostique en tant que mesure autonome. Les travaux futurs devraient étudier l’efficacité du soutien nutritionnel précoce dans la réduction de la perte de poids pré- et postopératoire afin d’améliorer l’état nutritionnel et les résultats chirurgicaux dans le cadre d’un programme de préadaptation multimodal chez les adultes atteints d’un cancer de l’œsophage.
Conclusion de l’étude :
La dénutrition est fréquente dans le cancer de l’œsophage. L’indication pour la mise en place d’une thérapie nutritionnelle et de pré-habilitation dans cette population est variable. Le but de cette étude était d’examiner les effets d’une thérapie nutritionnelle précoce et de la mesure fonctionnelle du statut nutritionnel sur les résultats post-opératoires de patients adultes avec un cancer de l’œsophage. La perte de poids pré-opération supérieure à 10 % était ainsi associée avec une mortalité. Une thérapie nutritionnelle précoce était associée à une moindre perte de mois dans les 12 mois post-opératoires. Les mesures de force-préhension pré-opératoires n’avaient pas de valeur pronostique comme la mesure de l’équilibre statique. De futurs travaux pourraient rechercher l’efficacité d’une thérapie nutritionnelle précoce pour réduire la perte de poids pré- et post-opératoire afin d’améliorer le statut nutritionnel ET l’issue de la chirurgie dans le cadre d’un programme de pré-habilitation des adultes ayant un cancer de l’œsophage.
Davies SJ, West MA, Rahman SA et al. Oesophageal cancer: The effect of early nutrition support on clinical outcomes. Clinical Nutrition ESPEN 42 (2021) 117e123. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405457721000759
