La prescription de compléments nutritionnels oraux chez les patients âgés, dénutris, vivant à domicile, n’engendre pas d’augmentation des frais totaux de santé. Elle participe à l’amélioration de l’appétit des patients et diminue le risque d’hospitalisation si l’observance est bonne.
La dénutrition résulte d’une insuffisance d’apports nutritionnels par rapport aux besoins de l’organisme. Elle touche 5 à 10 % des personnes âgées vivant à leur domicile. L’étude médico-économique ENNIGME1, incluant 191 personnes âgées de plus de 70 ans, dénutries et vivant en France, à leur domicile, a évalué l’impact de la prise de compléments nutritionnels oraux (CNO) sur l’appétit, le poids, le risque d’hospitalisation et les coûts liés à la santé.
Les résultats mettent tout d’abord en évidence que les patients qui reçoivent une prescription de CNO par le médecin généraliste (n=133) sont, à l’inclusion, plus dépendants et ont une qualité de vie et un appétit diminués suggérant un moins bon état de santé, comparativement aux 58 patients ne recevant pas de CNO. Après 6 mois de suivi, l’absence de différence, entre les deux groupes, de la variation de poids, ainsi que le nombre plus fréquent d’hospitalisations dans le groupe CNO sont à mettre en perspective avec cet état de santé initial plus dégradé chez les patients avec CNO. A noter que la prescription de CNO, quand elle a lieu, est mise en place pour une durée moyenne de 130 ± 59 jours et que l’observance globale du traitement est supérieure à 80 %.
Après 6 mois de suivi, on observe une amélioration de l’appétit significativement plus forte dans le groupe recevant des CNO (P = 0,001).
Pour le groupe avec CNO, le risque d’hospitalisation est divisé par 3 quand la prise protéique issue des CNO est supérieure à 30 g par jour ou quand la prise énergétique est supérieure à 400 kcal par jour. Ce risque est même divisé par 5 lorsque la prise énergétique issue des CNO dépasse 500 kcal par jour.
Enfin, les données concernant les coûts totaux de santé moyens pendant 6 mois ne montrent pas de différence significative entre les deux groupes (p = 0,707). Par contre, les patients avec CNO consommant plus de 500 kcal par jour, issues des CNO, présentent des coûts moyens de santé réduits (1389 ± 264 €) comparativement à ceux ingérant moins de 500 kcal (3 502 ± 839 €) (P = 0,042).
En conclusion, l’étude ENNIGME met en évidence que la prescription de CNO à destination des personnes âgées dénutries vivant à leur domicile peut favoriser une amélioration de l’appétit. Par ailleurs, leur prise ne génère pas une augmentation des coûts relatifs à la santé. Si les prises protéique et énergétique issues des CNO sont suffisamment conséquentes, le risque d’hospitalisation et les coûts totaux de santé peuvent même être réduits.
1 Etude non interventionnelle de l’impact économique de la prise en charge nutritionnelle par compléments nutritionnels oraux chez des personnes âgées ambulatoires dénutries
Référence :
SEGUY, D. HUBERT, H. ROBERT, J. « et col. » Compliance to oral nutritional supplementation decreases the risk of hospitalisation in malnourished older adults without extra health care cost: Prospective observational cohort study. Clinical Nutrition, 2019, doi: 10.1016/j.clnu.2019.08.005.