Semaine dénutrition 2024

SFNCM : une organisation mettant en lumière la recherche sur la nutrition artificielle

Christelle Guillet est enseignante-chercheuse à l’université Clermont Auvergne.
Elle apprend la nutrition à des étudiants en médecine, mais aussi à des élèves de licence, master ou doctorat de biologie. À côté de ses travaux à l’université, elle est présidente du conseil scientifique de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme, (SFNCM)

Elle répond à nos questions concernant cette association mettant en avant la nutrition artificielle.

Dans quel but a été créée la SFNCM ?

La SFNCM a pour objectif de promouvoir des études cliniques et fondamentales dans le domaine de la nutrition clinique, mais pas uniquement. Elle joue aussi le rôle de référent auprès des instances publiques, notamment les pouvoirs publics et associations ou les organisations dans le domaine de la nutrition artificielle. Elle peut être sollicitée lorsqu’il y a des recommandations spécifiques pour certains types de patients et participer à la mise en place de ces recommandations. Elle peut aussi donner son avis sur des produits nutritionnels. Qui plus est, cette association organise différentes manifestations scientifiques. Ces événements sont complétés par la publication d’ouvrages, de revues et d’outils éducatifs à destination des professionnels de santé pour les aider dans leur pratique quotidienne.

Quel est le rôle du conseil scientifique de la SFNCM ?

Il a principalement pour but de réaliser et de construire le programme scientifique des Journées francophones de la nutrition, ou JFN, qui se déroulent fin novembre et rassemblent maintenant plus de 2 000 participants. Cette construction se fait en collaboration avec la Société française de nutrition. Le rôle de ce conseil est aussi de participer à la relecture et à la sélection des résumés qui sont soumis lors du congrès national de nutrition pour les JFN. Nous intervenons également dans l’élaboration du programme des webinaires puisque la SFNCM en propose régulièrement sur des thématiques scientifiques particulières.

Le conseil scientifique expertise aussi les dossiers des candidats pour les prix de recherche. Cela permet de financer des projets de recherche à la fois clinique, mais aussi fondamentale. En plus de l’organisation de ces nombreux événements, nous réalisons des enquêtes de pratiques en nutrition clinique. Nous avons, par exemple, réalisé une enquête il y a 2 ans sur la mise en place des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé pour l’évaluation de la dénutrition.

Qu’est-ce que la nutrition artificielle ?

La nutrition artificielle, c’est tout ce qui ne va pas toucher à l’alimentation classique. Cela commence par les compléments nutritionnels oraux (CNO). Ensuite, il y a la nutrition entérale, qui se traduit par la pose d’une sonde naso-gastrique ou une sonde qui se rapproche plus de l’intestin pour administrer directement l’alimentation dans l’estomac ou dans l’intestin pour essayer de préserver le fonctionnement du tractus digestif. La dernière forme de nutrition artificielle est la nutrition parentérale qui se fait par voie intraveineuse. Les nutriments, contenus dans des poches, sont administrés directement dans le sang des patients.

Quel est l’état de la recherche concernant les CNO ?

Il y a plusieurs niveaux de recherche dans les CNO. Le premier concerne la formulation et l’étude de nutriments d’intérêt. Beaucoup d’études ont notamment été réalisées sur les apports en protéines. Dans les prochaines années, nous commencerons à parler de la qualité des protéines apportées. Il y a un grand nombre de CNO qui sont actuellement à base de protéines animales et de nouveaux travaux de recherche portent sur l’intérêt des protéines végétales. D’autres études s’intéressent plutôt aux supplémentations avec des probiotiques pour cibler l’état du microbiote intestinal.

Il y a aussi certains chercheurs qui essayent de démontrer l’efficacité des CNO sur différents types de patients. Elles concernent plus particulièrement des patients qui peuvent être dans un état de dénutrition très avancé, comme des patients cancéreux au long cours, mais aussi en préopératoire, en postopératoire et après la sortie de l’hôpital. L’utilisation de CNO est aussi étudiée dans le cadre de sarcopénie chez les personnes âgées.

Pour améliorer l’acceptabilité des CNO, les scientifiques développent de nouvelles formes d’administrations. Ils prennent la forme d’aliments que l’on a l’habitude de manger, comme des gâteaux ou des compotes. Les chercheurs et les industriels essayent de diversifier l’offre de ce type de produits.